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Où aller voir les éléphants

3 Mai 2020 , Rédigé par Le BLOG d'Around The Rock Publié dans #Laos, #Eléphant d'Asie, #Ecovolontariat

Où aller voir les éléphants

Aller à la rencontre des éléphants lors d'un voyage en Asie peut être une superbe expérience à condition d'aller dans un endroit où on les respecte, avec si possible un réel projet de conservation de cette espèce menacée.

Comment choisir un camp ou un centre d'éléphants ?

Beaucoup d’informations circulent à ce sujet sur les réseaux sociaux où les internautes donnent leur avis, sans forcément connaître la situation des pachydermes et les multiples facteurs qui provoquent leur déclin. Beaucoup de voyageurs n'ont pas le temps de faire des recherches approfondies sur la situation des éléphants et vont donc se fier aux informations qui circulent sur les réseaux sociaux. Le terme qui revient le plus souvent est « No Riding » ou « pas de balade à dos d’éléphant » en français. Mais est-ce le seul critère pour sélectionner le meilleur endroit à visiter et protéger les éléphants ? Si le « Riding » était l'unique problème pour les éléphants, il serait facile de le bannir et le problème aurait été solutionné depuis bien longtemps puisque les premières traces de domestication remontent à 4 000 ans environ. En fait, les conditions de vie des éléphants captifs en Asie se sont vraiment dégradées dans les 30 dernières années avec pour effet une diminution du nombre d'individus.

Si nous analysons d’abord la situation au Laos, que nous connaissons très bien, puisque nous y vivons. Nous sommes passés dans les 50 dernières années de 10 000 individus à 800 éléphants d’Asie, 400 sauvages et 400 captifs. Ces deux populations appartiennent à la même espèce : Elephas Maximus, mais sont menacées pour des raisons différentes.

Les éléphants sauvages disparaissent pour plusieurs raisons, la principale étant la déforestation. Au Laos, on rase de vastes zone forestière pour étendre les cultures : le teck, les bananeraies, l’hévéa, le riz, le maïs et d’autres aliments, comme les pastèques, les ananas,… Ce ne sont pas forcément les lao qui mettent la pression sur cette forêt puisque leur population ne s'élève qu'à environ 7 millions d’habitants ; en fait, la demande pour le latex, le teck et autres cultures provient souvent de l’étranger. Cette déforestation génère un problème majeur pour les éléphants, qui est la fragmentation de l’habitat. Dans le passé, les éléphants évoluaient dans de grands espaces forestiers et pouvaient quasiment traverser le pays sans rencontrer l'homme. Mais avec l'accélération de la déforestation, leur habitat est réduit et fragmenté ; des groupes d'éléphants se retrouvent ainsi isolés d'autres groupes. Cela pose problème pour la reproduction, puisque les mâles ne peuvent pas couvrir autant de groupes de femelles que dans le passé et il y a donc un risque de consanguinité. Cette fragmentation de l’habitat crée également un autre problème qui est le conflit éléphant/humain. En effet, si les éléphants évoluent dans des espaces de plus en plus restreints, ils vont finir par en sortir pour trouver de la nourriture, c’est dans cette situation qu’il y un risque de conflit éléphant/humain : les éléphants peuvent être attirés par une plantation de bananiers, par exemple, et tout simplement détruire les cultures des locaux. Comme la population d’éléphants sauvages au Laos semble stable, ce risque de conflit est de moins en moins fréquent et les locaux savent en général gérer les éléphants sauvages en les effrayant. En revanche, ce type de problème apparaît fréquemment en Inde ou en Thaïlande, où l’homme empiète toujours plus sur le territoire des animaux sauvages.

Le braconnage participe, dans une moindre mesure, à la diminution du nombre d’éléphants sauvages. Au Laos, les cas sont très rares et fortement sanctionnés. Toutefois, de nombreux cas ont été recensés ces dernières années en Birmanie. En règle générale, les éléphants sont braconnés pour toutes les parties de leur corps : la peau (pour faire des tissus, sacs…), les pieds (pour réaliser divers objets de décoration), l’ivoire (sectionnée uniquement sur les mâles qui ont des défenses), les poils de queue (utilisés pour fabriquer des bagues, colliers et bracelets), ainsi que la viande qui au dire des asiatiques est délicieuse.

Pour résumer les éléphants sauvages sont en déclin principalement en raison de la déforestation, qui génère la fragmentation de l’habitat et les conflits éléphant/humain.

Qu’en est-il des éléphants captifs ?

La situation des éléphants captifs est complètement différente. Comme expliqué précédemment, les premières traces de domestication remontent à environ 4 000 ans au Pakistan et l’animal était utilisé au village pour travailler en règle générale à la ferme. Les éléphants sont des animaux puissants, on les utilisait donc à certaines périodes de l’année pour travailler la terre, porter les sacs de riz, tirer des grumes de bois et ensuite, ils repartaient en forêt, lieu où ils passaient le plus clair de leur temps. Il faut imaginer que l’éléphant d’Asie, à l’état sauvage, migre et peut parcourir de grandes distances. Il doit donc ouvrir des chemins, ce qui est très important dans la chaîne écologique puisque cela permet à d’autres espèces animales de circuler (y compris l’espèce humaine, puisque de nombreuses routes actuelles correspondent aux chemins empruntés par les éléphants), mais cela permet également, en détruisant certaines plantes, de permettre à d’autres de pousser. C’est important de comprendre que cet animal a la puissance de faire tomber des arbres et le fait tout naturellement à l’état sauvage. Depuis toujours l’éléphant est respecté et vénéré. Les locaux n’avaient aucun intérêt à martyriser leur « tracteur », leur outil de travail. L’éléphant était d’ailleurs souvent considéré comme un membre de leur famille.

D’où vient alors le problème des éléphants captifs ?

Le Laos avait dans un passé proche une couverture forestière incomparable et donc convoitée. Le commerce généré par l'export des bois rares était donc considéré comme une source de revenu nécessaire au développement du pays. A cette époque, il n’y avait pas de véhicules motorisés capable de se rendre dans des zones très difficiles d'accès. Le plus simple pour récupérer des grumes de bois rares étaient donc d’utiliser les éléphants. Ils avaient la force pour le faire… à condition qu’ils ne le fassent pas trop longtemps, l’éléphant est censé s’alimenter et se reposer 17h par jour. Dans un passé lointain, les éléphants étaient sollicités quelques heures par jour, mais le problème a réellement démarré lorsque la demande en bois exotique a explosé dans le monde. Il y a eu un effet de mode, et beaucoup de consommateurs achetaient du mobilier d'extérieur et d'intérieur en bois exotique. Ces 30/40 dernières années, les éléphants ont été surexploités pour répondre à la demande en bois toujours plus importante. Le bois venait d’Afrique, mais aussi d’Asie (Indonésie, Malaisie, Inde, Thaïlande, Birmanie, Laos). Cette période fut difficile pour les éléphants qui étaient utilisés dans l'industrie du bucheronnage, puisqu’ils n’avaient pas beaucoup de temps de repos. Cela a d'ailleurs entraîné une hausse de la mortalité chez les éléphants captifs. Si nous comparons cette situation à celle de l’être humain, on peut considérer qu'un individu en bonne condition physique est capable de courir ou nager une heure par jour, mais pas 10h par jour, tous les jours. La situation est la même pour l’éléphant, il est capable de tirer du bois car c’est un animal puissant, mais il n'a pas l'endurance suffisante pour tenir de telles cadences de travail sur une longue durée. A cette augmentation de la mortalité s’ajoute une baisse de la natalité, car les éléphants n’étaient plus dans des conditions favorables à la reproduction. Les propriétaires étant focalisés sur les cadences de travail, ils n'avaient aucun intérêt à avoir une femelle pleine ou un éléphanteau dans cet environnement.

Conséquences : la mortalité qui augmente, la natalité qui baisse entraîne une chute de la population des éléphants captifs.

Quelle est la situation actuelle ?

La population est vieillissante, et il n'y a pas suffisamment de jeunes éléphants pour garantir la survie de l’espèce. L’urgence est donc d'augmenter les naissances dans le pays.

La reproduction est extrêmement difficile pour de multiples raisons, que l'on ne va pas développer dans cet article.

Certains camps disent qu’ils font de la conservation parce qu’ils ont arrêté les balades à dos d’éléphants. Ce n’est malheureusement pas suffisant pour protéger l’espèce. Il ne faut donc pas juger trop vite les camps, notamment ceux qui font du « riding » sans avoir compris la situation. L’animal est capable sans problème de porter des individus (le poids d'un individu, s’il pèse 60kg, représente environ 2% du poids total de l'éléphant, à titre de comparaison, lorsque l'on porte un sac à dos de 20kg, cela représente 30% de notre poids). En fait le réel problème des balades à dos d’éléphant est l'abus : la durée du temps de travail et le nombre de personnes à porter en même temps. De plus, pendant que ces éléphants sont mis au service des touristes/visiteurs, ils ne se reproduisent pas.

Protéger les éléphants, c’est d’abord protéger leur habitat et donc leur nourriture. Il est donc essentiel de choisir un camp situé dans l’habitat naturel des éléphants, donc en forêt, là où ils devraient se trouver, et non en ville. Les éléphants savent ce dont ils ont besoin pour se nourrir et peuvent se nourrir tous seuls. Le risque en nourrissant les éléphants est que les touristes leur donnent des aliments beaucoup trop sucrés (sucre de canne, bananes…), il faut donc privilégier les camps/centres où les touristes/visiteurs ne les nourrissent pas. Il est également préférable de rechercher des camps/centres ayant des réels projets de conservation :

  • Programme de protection de l'habitat naturel,
  • Programme de reproduction,
  • Programme de gestion des mâles,
  • Structure pour soigner les éléphants,
  • Programme de relâché à l’état sauvage,
  • Implication des communautés locales à la sauvegarde de l’espèce,

 

Au Laos, il n’existe qu’un seul centre qui remplisse ces critères, c’est l’Elephant Conservation Center, à Sayaboury (ECC).

C’est dans ce centre que nous avons décidé de poser nos valises (ou plutôt notre véhicule) il y a maintenant 4 ans. Nous gérons ce Centre et avons assisté à une progression exceptionnelle en termes de projets de conservation. Voir l’accomplissement du travail de toute l’équipe est une réelle motivation, nous donnant toujours envie de faire plus. Lorsque nous sommes arrivés, il y avait 11 éléphants, 33 employés, nous avons maintenant 34 éléphants et 70 employés. Tout ce qui a été réalisé ces dernières années a été possible grâce aux visiteurs, puisque ce Centre est financé à près de 90% par les visiteurs, les 10% restant proviennent de donateurs (souvent des visiteurs convaincus par le projet). Ainsi, grâce aux visiteurs, nous avons pu mener des projets historiques, comme :

  • le sauvetage de 12 éléphants issus d’un trafic illégal. Ces éléphants devaient partir dans un zoo au MoyenOrient et c'est grâce au Gouvernement lao, que ces derniers ont pu être sauvés et confiés à l’ECC,
  • le relâché d’une harde de 5 éléphants (4 femelles et un éléphanteau) à l’état sauvage. Ce relâché (historique au Laos) a démarré en mars 2019 et pour le moment tout se passe bien. Notre équipe suit leurs mouvements afin de s’assurer que les éléphants ne passent pas en Thaïlande, ne retournent pas au village ou vers des plantations. Le mois dernier, un mâle sauvage a approché la harde, nous saurons dans quelques mois si une des femelles est pleine ou non,
  • la mise en place du seul hôpital pour éléphants au Laos,
  • la mise en place d’un laboratoire d’endocrinologie pour connaître et suivre le cycle reproducteur des femelles. Ce laboratoire permettra d’étudier différentes hormones à partir d’échantillons de sang et/ou matières fécales,
  • la mise en place d’un programme de gestion des mâles, ceux ci étant souvent délaissés dans les camps de touristes pour des questions de sécurité,
  • le sauvetage de nouveaux éléphants,
  • la mise en place d’un programme éducatif avec les enfants des écoles de la province de Sayaboury.

Certains de ces projets sont illustrés en vidéo ci-dessous.

Pour résumer, si vous souhaitez utiliser votre argent pour soutenir un réel projet de conservation, n’hésitez pas à vous rendre au Centre de conservation des éléphants, vous apprendrez tout sur les éléphants et surtout vous comprendrez toutes les problématiques et les solutions possibles avec notre équipe d’experts. Si vous ne pouvez pas vous rendre au Centre, il est possible de faire un don sur le site Internet.

C’est fabuleux de voir le résultat des actions menées par l’ECC et tout cela, grâce aux visiteurs. Si vous avez la possibilité de vous y rendre, allez-y, l’ambiance est chaleureuse, familiale et sereine. Vous ne rencontrerez que des personnes concernées, comme vous pouvez l'être, ayant la volonté d'agir pour la protection des éléphants d’Asie. Vous y mangerez des plats excellents, dormirez dans des bungalows traditionnels, et aurez la possibilité de vous baigner dans une piscine naturelle… à savoir le lac de Nam Tien.

Si vous avez des questions, rendez-vous sur le site Internet : https://www.elephantconservationcenter.com/

L’ECC a été le premier centre à avoir été audité et certifié par « l’ACES », signifiant Asian Captive Elephant Standards. https://www.elephantstandards.com/

Un reportage court a été diffusé au Télé-matin et au 20h de France 2 (voir vidéo ci-dessous)

Laos : le combat pour les éléphants

🐘 Le Laos, le pays au million d'éléphants n'en compterait aujourd'hui plus que 800

Posted by Info France 2 on Friday, April 26, 2019

Reportage diffusé au 20 heures de France 2 en avril 2019

Photos prises par Paul Wager (1 à 19) et Jimmy Beunardeau (n°20 à la fin)
Photos prises par Paul Wager (1 à 19) et Jimmy Beunardeau (n°20 à la fin)
Photos prises par Paul Wager (1 à 19) et Jimmy Beunardeau (n°20 à la fin)
Photos prises par Paul Wager (1 à 19) et Jimmy Beunardeau (n°20 à la fin)
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